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15 ans après, voici enfin les vraies raisons de la mort de Marc-Vivien Foé

Quinze ans jour pour jour que Marc-Vivien Foé nous a quittés dans la fleur de l’âge. Un drame footballistique qui a ému tout un monde. A commencer par ses proches. Alors qu’on commémore l’anniversaire de son décès, il est nécessaire que l’on revienne sur les circonstances de son décès.

Il disputait un match avec le Cameroun à l’occasion de la Coupe des Confédérations. Près de quatre ans plus tard, Etienne Tête (Verts) lève le voile sur un drame jusque-là entouré de beaucoup de mystère.

Lyon Capitale : Pourquoi la ville est impliquée dans la mort de Foé ?

Etienne Tête: Sa veuve fait un procès à la ville de Lyon, pour une raison qui n’a jamais été rendue publique : elle a d’abord attaqué la FIFA, organisatrice de l’événement, puisqu’il s’agissait d’un match de la Coupe des Confédérations. Mais la Fifa a sorti une convention de stade, dans laquelle elle se dégageait de toute responsabilité au profit de la ville de Lyon. Thierry Braillard (PRG), l’adjoint aux sports, avait signé ça sans en informer personne à la ville, et sans la faire passer en conseil municipal… Pour nous, c’est potentiellement une catastrophe. D’autant que selon la convention on était tenu de prendre une assurance complémentaire, et qu’on ne l’a pas fait puisque personne ne le savait…

Braillard a eu tort de signer ?

Il aurait dû au moins informer les autres… Mais sur le fond, c’est anormal. Quand on loue le stade à l’OL, le club assume la responsabilité de ce qui s’y passe. Pas la ville. Si la ville est condamnée à dédommager la veuve de Foé pour les revenus qu’il aurait pu avoir dans sa carrière, cela peut vite représenter 15 ou 20 millions d’euros. C’est pour ça que je me suis penché très attentivement sur ce dossier. Et au final, je pense que ce scénario catastrophe ne se produira pas.

Pour quelle raison ?

Le rapport d’expertise est sur le point d’arriver. Il devrait aller dans notre sens. Tout d’abord, parce que Foé n’aurait jamais dû jouer ce match. Il avait reçu une injection la veille du match. C’est la première chose qui m’a frappé dans le rapport d’autopsie. D’après le médecin de l’équipe du Cameroun, il a reçu une perfusion au sodium, pour soigner une grosse diarrhée. Un tel traitement, ça veut dire que c’était vraiment une diarrhée extraordinaire… C’est invraisemblable que 24 heures après il ait été autorisé à jouer.

Ensuite, l’autopsie a révélé un cœur hypertrophié et fatigué… C’est terrible, mais ça veut dire que l’indemnisation du préjudice économique de sa veuve serait forcément beaucoup plus faible, puisque même s’il avait survécu, il aurait dû arrêter le foot.

Etait-il dopé ?

Non, au moment du match. L’autopsie confirme que son tube digestif était très endommagé – « une entérocolite nécrosant et hémorragique » en langage médical – ce qui a dû effectivement provoquer des diarrhées très graves. Le médecin Camerounais qui l’a autorisé à joué a donc commis une erreur médicale. Pour faire simple, une diarrhée provoque un déséquilibre « électrique » entre le potassium et le sodium. La perfusion, sans doute mal dosée, ne l’a pas rééquilibré. Ou au pire l’a aggravé. Le tout sur un cœur anormalement fatigué, c’est ce qui a vraisemblablement causé la mort.

Foé mort d’une colique, ça arrange bien la ville…

Oui, mais c’est la vérité. Au procès, ce sera la thèse défendue par toutes les parties… mis à part l’équipe du Cameroun, bien sûr, puisque cela fait d’eux les seuls responsables.

La lenteur des secours n’est-elle pas en cause ?

Pour moi, non. Ils ont fait le maximum. Foé a eu 50 minutes de réanimation. Autant que Chevènement…
Foé était encore un joueur de l’OL, lors de sa mort.

Le club est-il aussi responsable ?

Absolument pas. On peut par contre se poser la question du suivi médical des joueurs, qui devrait être assuré par des organismes indépendant des clubs. Quand il a signé à l’OL, en 2000, un examen réalisé à Saint-Luc Saint-Joseph, révèle qu’il a déjà un cœur anormalement fatigué… Il tourne à 79 %. Pour un sportif de haut niveau, c’est incompréhensible ! À partir de ce moment, Foé aurait dû faire l’objet de contrôles réguliers. Et on aurait dû lui faire arrêter sa carrière plus tôt.

Contrepoint. La famille Foé est défendu par le célèbre avocat Lyonnais Alain Jakubowicz. Contacté par Lyon Capitale, il explique sa position.

« Les secours ont trop tardé »

« À mon avis Etienne Tête parle un peu vite, car le rapport d’expertise n’est pas encore déposé. Mais apparemment, ce rapport renvoi la responsabilité sur la fédération camerounaise, qui aurait dû empêcher Foé de jouer. Il y a quand même des zones d’ombre. Qu’il y ait des problèmes liés à son état de santé, c’est possible. Mais tous les moyens qui auraient éventuellement pu permettre de le sauver n’étaient pas présents. Il n’y avait par exemple pas de défibrillateur. Les secours n’étaient pas comme ils auraient dû être. Ça s’est passé en direct à la TV. Quand on regarde le film, personne ne comprend que les secours aient tardé à ce point. On l’a vu mourir en direct. Thierry Rolland répétait d’ailleurs : « mais qu’est-ce qu’il font ! ? » Pour nous, c’est de la responsabilité de la Fifa, l’organisateur de l’événement, qu’il l’a délégué à la Fédération Française. Après, entre eux, ils se tirent la bourre. Mais la famille Foé n’a jamais prétendu que la ville de Lyon était responsable. En tout cas, Madame Foé se retrouve dans une situation terrible. Le préjudice est colossal, même si pour l’instant on ne l’a pas calculé. Foé avait le cœur sur la main. Il a beaucoup distribué à des associations camerounaises. Et n’a rien mis de côté. »

Une carrière stopée à 28 ans

Né au Cameroun, Foé se fait connaître avec le RC Lens, avec lequel il remporte le championnat de France en 1998. Il part ensuite à West Ham, avant que l’OL ne le rachète pour 76 millions de francs en mai 2000. Une grosse somme pour un milieu de terrain défensif. Il remporte les premiers titres de l’ère Aulas en 2001 et 2002, avant de filer en prêt à Manchester City.

Multiplication des cas

En 2007, deux morts de joueurs sur un terrain par crise cardiaque ont secoué l’opinion public : celle du sévillan Antonio Puerta (photo), et tout récemment, le 29 décembre, de l’écossais Phill O’Donnell.

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